Mai 2013 : Retour aux sources du Cozon

Ce samedi 18 mai, plus de 25 personnes étaient réunies pour une balade d’exception aux abords du Cozon.


Jean-Pierre BLAZIN
, archéologue des paysages, fut notre chef d’orchestre tout au long de cette journée afin d’assurer le lien entre les différents intervenants.

A 9h00, nous nous sommes réunis autour de boissons chaudes à la salle hors sac d’Entremont Le Vieux avant de commencer la balade.

Jean Paul CLARET, maire de la commune, débuta cette journée par un discours très enrichissant sur l’histoire, le patrimoine et le contexte paysager d’Entremont Le Vieux et de la vallée des Entremonts.

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A 9h30, nous avons débuté cette balade par la traversée d’Entremont Le Vieux jusqu’à rejoindre le cours d’eau du Cozon.
Grands-parents, parents et enfants réunis tous ensemble ont fait la richesse de cette journée très agréable et conviviale.

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Au fil de la descente le long du cours d’eau, les intervenants se sont passé la parole afin d’évoquer les points remarquables dans les domaines du patrimoine et de l’histoire locale, de la géologie, la botanique, le nom des lieux et la microfaune de rivière.

HISTOIRE LOCALE ET PATRIMOINE

Jean Pierre BLAZIN ainsi que Gérard MARTENON, de l’association Mémoires des Entremonts, nous ont évoqués les histoires qui ont façonnées le paysage d’aujourd’hui. Une lecture du paysage dans le détail nous a permis de se rendre compte des traces laissées par nos ainés.

L’eau est partout !
Dans le langage, on remarque très vite que l’eau prend une place importante, ceci notamment en toponymie (nom des lieux).

Le saviez-vous ?
Selon Bernard Tivot, le mot « Eau » est le seul mot de la langue française avec des voyelles dont on n’utilise pas leur sonorité !

Le « Cozon » étant au goût du jour, nous avons aussi appris que son étymologie était directement liée à l’eau : Auvergne les Couz, Couzon.
La traversée de la cascade de la Chivolière a égaillé notre curiosité. « Chivo » signifierait « ravin », ce qui est très caractéristique de ce paysage.

Entremont Le Vieux ou Epernay ?
Une personne a été très intriguée de découvrir la différence d’appellation de la commune entre les cartes IGN, où vous lirez « Epernay » et l’actuel nom d’Entremont Le Vieux.
Epernay est en fin de compte l’ancien nom du village à l’époque pré-romaine.

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Les Châteaux des Entremonts et traces d’occupations anciennes
Le chemin sur lequel nous avons marché, bordé par un ancien muret de pierre (murgets) datant possiblement du Moyen-Age , est en réalité l’ancienne route de Chartreuse qui reliait Epernay avec le Sud du massif.
C’est aussi le chemin qui menait à l’ancien château des Teppaz (prononcé « Teppes »).
Sur la route, nous nous sommes arrêtés au château d’Epernay : le premier château attesté dans les Entremonts !
Il fut bâti au XI° siècle par la famille Entremont, qui sera plus tard unie par le mariage avec la famille de Montbel.
Aujourd’hui, on ne trouve plus que d’anciennes traces d’occupations (murs) du haut de cette colline surplombant la vallée.
En aval de ce château, des formes de terrasses plates brodées de murets notent l’ancienne présence de possibles pâturages du Moyen-Age.
Du haut de la colline du château d’Epernay, le paysage très ouvert sur la vallée nous a permis d’évoquer le château des Teppaz, situé sur les collines d’en face. Ce dernier, aujourd’hui à l’état de ruines, serait toutefois plus récent puisqu’il daterait du XII° siècle.

D’après Gérard MARTENON, il y aurait six autres châteaux dans la vallée des Entremonts, de quoi éveiller notre curiosité historique !

LA BOTANIQUE AU RENDEZ-VOUS

Au fil de la balade, Bertrand BARD, gérant du camping de l’Ourson à Entremont Le Vieux, nous a apporté ses connaissances en botanique.
Nous avons pu découvrir la Pétasite, une spécificité des zones humides, ainsi que l’Ail des Ours dont l’utilisation culinaire est très réputée en Chartreuse.
Au château d’Epernay, nous avons fait la rencontre avec l’Origan sauvage, le Sceau de Salomon, la Vesse, en passant par l’Oseille sauvage (ou Rumex), l’épinard sauvage (ou Chénopode Bon Henri), la colchique…et bien d’autres encore.

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Le saviez-vous ?
La Grande Berce (famille des ombellifères) que l’on trouve le long du Cozon a deux autres sœurs :
- La Petite Berce : trouvée sur terrains sec et chaud
- La Berce du Caucase : invasive, urticante et toxique !

Une attention particulière a été portée sur l’appellation des plantes qui diffère selon l’usage et la culture locale.
En Chartreuse, le fameux « Thé des Alpes » s’appelle aussi « Chartreuse » ou bien « Vulnéraire ». Très connu sur le massif de par l’influence des moines Chartreux, elle est par contre bien moins populaire dans les Pyrénées.

Recette de l’Ail des Ours
- Cueillir les jeunes pousses d’Ail des Ours (sans déraciner le tout)
- Découper les feuilles en petit morceaux
- Dans un pot, mélanger les feuilles avec de l’huile d’olive
- Selon votre convenance, ajoutez du sel ou du tamari, de la purée ou des graines de sésame ou d’amande (ou tout autre type d’oléagineuse), des pignons de pin….
- Conserver au réfrigérateur et consommer avec du pain et du fromage frais, un vrai délice !
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Pique-nique au bord du Cozon

UN PEU D’HYDROGEOLOGIE
les processus d’érosions alluviales

Tout au long de la balade, Ann-Lou TURLOT et Alice METZ, étudiantes en master de géographie environnementale à l’Université de Grenoble, ont présenté les caractéristiques générales de la géologie du lieu. Certaines formations géologiques très étonnantes le long du cours d’eau ont ensuite attirées notre attention :

La structure géologique de la vallée des Entremonts est très spécifique, puisque le Cozon sépare la Chartreuse par un sillon Nord / Sud. Ce dernier met en fin de compte en évidence le chainon jurassien à l’Est et le chainon de la Chartreuse à l’Ouest.

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L’eau, un facteur d’érosion remarquable !
Le ruisseau charrie sans cesse une grande quantité de matériaux (gravier, bois, blocs…) qui vont façonner le lit et donner des formes étonnantes telles que :
- Les marmites de géants
- Les coups de gouge
(notons ici qu’il est tout autant possible que ces formes viennent de l’action de l’Homme, comme des pêcheurs qui souhaitaient aborder le cours d’eau de plus près !)
- La « grosse Pierre » et la coulée boueuse sous-marine
- La cascade de Chivolière et le système de failles
- La plage de dépôt sédimentaire
- Les blocs erratiques

Pour en découvrir plus sur la géologie le long du Cozon, visualisez le pdf ci-dessous :

DECOUVERTE INSOUPSSONNEE DES MACROVERTEBRES

Adrien BERTHOLIO, de l’association des Pêcheurs de l’AAPPMA du Haut Guiers, ainsi que Jean Pierre BAEHLER, de l’association des Pêcheurs de l’AAPPMA de Chambéry, se sont réunis pour nous faire découvrir la microfaune du Cozon.

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Sous chaque pierre un trésor !

En quête de microfaunes, les pêcheurs ont soulevés les pierres et galets du bord du cours d’eau afin de nous présenter quelques exemples d’espèces.
La microfaune est un très bon indicateur de la qualité de l’eau, ce sont des « bio-indicateurs » !
Ainsi, plus on trouve des insectes de type vers fins, plus la rivière est polluée. A l’inverse, plus on trouve des espèces de type plécoptères ou tricoptères, plus la rivière est saine, comme il en fut le cas ce jour là.

La journée s’est terminée sans une goutte de pluie, par un retour à la salle hors sac d’Entremont Le Vieux et où les participants ont pu échanger leurs impressions autour de boissons chaudes ou froides.

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Une journée très conviviale, riche en échanges et en apprentissages !


Merci à nos partenaires :
- La commune d’ Entremont-Le-Vieux qui nous accueille et met généreusement une salle à notre disposition
- L’ Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse

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