Les enjeux et difficultés

Les enjeux de demain

Le gorges du Guiers Mort, intriguent et séduisent. C’est pourquoi même si personne n’y réside, tout le monde en parle. On l’imagine et on y bâtit des projets. Chacun à son mot à dire. Mais les mots ne s’accordent pas toujours. Des problèmes tiennent tête aux initiatives dans cette vallée encaissée.

- La sécurisation de la route D520b

JPEG - 260.3 ko
Source : G. Ichtchenko

Les communes portes des gorges souhaitent que cette route soit au maximum sécurisée. Dans ce but, des travaux sont sans cesse entrepris ou envisagés. Par exemple, le tunnel de Fourvoirie a été inauguré en 1995, et des filets et paravalanches ont été installés depuis. Le gabarit de différents tunnels et ponts de la route ont également été élargis, afin que tous les autocaristes acceptent de desservir la Correrie et la station de Saint Pierre de Chartreuse. On troque ici le tracé pittoresque de la route pour gagner en flux touristiques.

-  La micro-centrale hydroélectrique

JPEG - 146.1 ko
Source : G. Ichtchenko

Le projet de l’implantation d’une nouvelle micro-centrale hydroélectrique, à hauteur du Pic de l’œillette sur le Guiers Mort n’a pas abouti. Trop peu d’avantages pour tant de contestations. Si cela aurait constitué une source d’énergie dite « renouvelable », ce nouveau projet hydroélectrique aurait induit des dégâts irrémédiables pour les écosystèmes du cours d’eau (modifications brutales des débits, des rythmes de charriage, des compositions chimiques et sédimentaires des eaux). De plus, la baisse de débit aurait très fortement limité les activités d’eaux-vives (pratique du kayac et de la pêche). Les retombées économiques auraient été faibles, puisque l’électricité produite aurait été vendue à EDF et l’entreprise exploitante n’aurait pas rétribué la commune à hauteur de plus de 10 %. Enfin, la rentabilité de la centrale ayant été mise en question, et suite à une forte mobilisation du Parc, des associations et d’individuels, le projet a été enterré.

En savoir + : le dossier "eaux vives" de Moutain Wilderness

- Le chemin de Ripaille et ses tronçons

Il existait un chemin entre Saint Laurent du Pont et Saint Pierre de Chartreuse. Construit par les Pères Chartreux pour accéder au monastère, il a été abandonné après l’ouverture de la route moderne en 1856. Les traces de ce sentier autour du Guiers Mort sont nombreuses et le chemin mériterait d’être réhabilité. C’est néanmoins un projet de grande envergure, nécessitant des travaux lourds financièrement. Un premier tronçon vient d’être réalisé. Qui sait quand les autres suivront ?

- Le sentier

Un sentier pédestre familial vient d’être crée entre le pont Saint Bruno et le Pic de l’Œillette. Il suit un parcours de pêche existant mais qui était par endroits difficile d’accès. Le parcours fait 2,5 Km, environ 2h30 aller-retour. Il s’inscrit dans le Contrat de rivière Guiers 2000-2005.
L’ONF, maître d’œuvre, s’est chargé de la réhabilitation et la sécurisation du sentier, avec l’aide des services RTM. Les panneaux d’interprétation, sur la thématique « Eau et mémoire vives du Guiers-Mort », ont été réalisés par la chargée de mission patrimoine du Parc Régional de Chartreuse.

JPEG - 253.9 ko
Les ruines de Fourvoirie
Source : JL. Barbon


- Les ruines de Fourvoirie

Depuis le glissement de terrain de 1935, les bâtiments du site de Fourvoirie, contentant entre autres l’ancienne distillerie des Pères Chartreux, sont en ruine (voir partie « mémoire »). Au début des années 2000, une volonté de restaurer et valoriser ces ruines à émergé d’acteurs locaux et venant de toute la Chartreuse. Malgré les aléas techniques ou institutionnels, le projet avance dans une dynamique sociale et participative. Les travaux de chantier, de recherche documentaire, de communication ou d’administration impliquent des personnes aux origines diverses qui y partagent leurs efforts et leurs compétences. Le site mobilise :

  • La Ville de Saint Laurent du Pont
  • Le Parc Naturel Régional de Chartreuse
  • Des élus territoriaux et des parlementaires
  • Des associations (Amis du Parc de Chartreuse, Centre Social du Guiers)
  • Des habitants et amis du massif au sein des Oeuvriers de Fourvoirie. Cette association a été créée pour « préserver et valoriser le site de Fourvoirie ».

Au fil des années, s’est développé un projet de développement local et social sur l’ensemble du site de Fourvoirie. On y envisage la création d’un « Espace Patrimonial et Culturel de Chartreuse ».

En savoir + :
Les livres de Martine Galliano

RDV sur le site le samedi matin !

Des difficultés de conciliation d’usages

- La propriété

L’ensemble du territoire « gorges du Guiers Mort » correspond à une partie de la forêt domaniale de la Grande Chartreuse, propriété de l’Etat, gérée par l’ONF pour qui la restauration et la valorisation du patrimoine ne sont pas des priorités. Les personnes à l’origine des différents projets sur ce site doivent toutes passer par une phase ardue de persuasion.

- Le financement

Dans ces gorges, aux caractéristiques physiques contraignantes tout projet doit faire appel à des financeurs multiples (organismes institutionnels ou entreprises privées). Cette étape de négociation avec les éventuels partenaires peut prendre beaucoup de temps induisant une inertie forte du projet.

- La sécurité et la responsabilité

L’ONF et les maires des communes des gorges sont responsables de ce qui se passe sur le site. Ils ont donc le devoir de sécuriser tout espace ouvert au public. Ainsi par exemple, l’intervention de l’association des Oeuvriers de Fourvoirie a été limitée puisque ses membres n’étaient pas légalement responsables de leurs actions. Une certaine rigidité de la législation en vigueur contribue à décourager les acteurs des gorges du Guiers Mort.

- Les conflits d’intérêts

Des questions majeures émergent sur la compatibilité des intérêts entre diverses catégories d’acteurs. Deux exemples sont pris ici qui permettent d’appréhender la complexité des jeux d’acteurs et des conflits d’intérêts pour le développement d’un territoire :

Comment concilier le cachet de la route touristique de montagne de la route D 520 b et ses impératifs de sécurisation puisqu’elle est fréquemment emprunté par des camions ou des cars ?
Le point de vue des communes et de l’ONF La route doit être sécurisée
Le point de vue des associations L’aspect pittoresque doit être conservé
Comment réaliser les travaux de restauration du patrimoine bâti, propriété de l’Etat (ONF) ?
Le point de vue de tous Une volonté de sauvegarde du patrimoine culturel
Mais
Les Oeuvriers de Fourvoirie veulent le faire dans des délais brefs
L’ONF et les communes n’en font pas une priorité
JPEG - 189.9 ko
Source : G. Ichtchenko