Le contrat de canal : un outil particulier en réponse à des enjeux spécifiques

    L’eau des Alpilles chemine dans des canaux, leur rôle est crucial sur le territoire.
    Comment ces canaux sont-ils gérés ?
    Quelles sont les missions d’une ASA (Association Syndicale Autorisée) ?
    Eléments de réponse par le biais d’un entretien avec Nicolas CORONAT, Directeur de l’ASA du canal de la vallée des Baux.

    Pouvez-vous me présenter en quelques mots votre structure ?

    L’ASA gère un des derniers ouvrages assez importants issus de droits d’eau pris sur la Durance, qui a été créé en 1873, suite à une période de sécheresse. Il y a avait d’autres canaux en Crau et les maires, les agriculteurs ont décidé de créer ce canal, qui a mis environ 30 ans à être créé.

    L’eau est distribuée à la parcelle, par le biais de perpendiculaires, autrement dit des petites rigoles d’arrosage, sous pression ou non, qui vont permettre d’arroser les 2300 ha du périmètre.

    Le canal appartient aux propriétaires, il fait partie de leurs terres et si jamais le propriétaire du terrain le vend, le nouveau propriétaire devra lui aussi payer ses cotisations. Le système d’ASA permet de pérenniser les recettes et donc l’entretien. Nous avons 1600 adhérents, qui représentent parfois un demi-hectare, un quart d’hectare, parfois 100 hectares, cela dépend.

    Pouvez nous définir ce que sont les « droits d’eau » ?

    Lorsque l’on prélève de l’eau dans un milieu, il faut des autorisations et ces autorisations nous les avons obtenues par une loi émanant du ministère de l’agriculture. Ces droits d’eau sont inaliénables. Actuellement nous avons une dotation d’eau de 3816 litres seconde, en période de plein arrosage.

    L’eau est délivrée en tête de propriété par un système de martelière, c’est-à-dire la vanne qui ouvre, calibrée en fonction des besoins et l’ayant droit a un temps défini pour arroser avec un débit particulièrement contrôlé.
    Le prix des cotisations est fixe et à l’hectare : 174 euros. Pour les parcelles en dessous d’un hectare, le tarif est dégressif.

    Nous fermons le canal une fois par an, de décembre à février, afin de faire tous les travaux d’entretien. Nous nous occupons également des rigoles secondaires, qui dépendent aussi du canal, nous avons tout un réseau qui fait un peu moins de 300 km. Les gardes canaux nettoient, entretiennent, réparent, cimentent, mettent des tuyaux, …. Ensuite, durant la période d’arrosage, c’est à dire à partir de fin février, nous remettons l’eau progressivement dans les rigoles, et les gardes font en sorte que les adhérents respectent leur tour d’eau. Les adhérents prennent l’eau à tour de rôle, tout le monde n’arrose pas en même temps, sinon nous n’aurions pas assez d’eau.

    Qu’est ce qu’un contrat de canal ?

    Comme le dit le blog du contrat de canal sud alpilles crau « Un contrat de canal est une démarche de concertation sur un territoire, portée par les structures gestionnaires d’un canal d’irrigation en partenariat avec les collectivités, les acteurs, les usagers et les financeurs. Il constitue un outil permettant de mettre en place une gestion globale et cohérente de la ressource en eau et des ouvrages. »

    Le Contrat de canal doit aboutir à la définition et à la mise en œuvre :
    - d’un plan de gestion de la ressource
    - d’un programme d’actions

    Actuellement nous avons réalisé un état des lieux, une charte d’objectifs et nous sommes en train de remplir les fiches actions.
    Le contrat de canal doit répondre aux enjeux auxquels nous devons faire face, comme par exemple surveiller la quantité d’eau dans le canal, notamment en cas d’orage. Nous possédons des systèmes de décharge à certains endroits, mais certains secteurs peuvent s’étendre sur 10km sans présence de vannes. Le canal est tout de même quelque chose d’extrêmement dangereux, 3,8m3 seconde … les ouvrages ne doivent pas casser, c’est une obligation. A partir de la mise en eau en février, nous sommes en veille jusqu’au premier décembre.

    Nous devons également prendre en compte les problématiques environnementales. Notre contrainte est de réaliser les travaux en période de chômage, nous sommes donc restreints, mais nous pouvons toujours trouver des compromis. Par exemple, nous pouvons décaler les travaux d’une semaine si c’est mieux pour un oiseau nidificateur, ou encore relâcher de l’eau dans le milieu si on est en excès. Ce sont des choses que l’on peut faire et que l’on a déjà faites, sans en faire de publicité.

    Pouvez-vous nous présenter une liste succincte des enjeux auxquels vous devez répondre ?

    Les enjeux auxquels ont doit répondre et sur lesquels on a des demandes :

    En premier lieu, essayer de trouver de l’eau supplémentaire pour pouvoir irriguer les oliviers, les vignes et autres futures plantations au nord de notre canal. Comme nous avons la maitrise de l’irrigation, c’est à nous que la demande a été faite. Nous avons un projet avec un partenaire qui s’appelle la CNR, la compagnie nationale du Rhône, qui est prête à établir un partenariat financier. Le projet est déjà commencé et entre dans le cadre de la concertation avec les communes, le Parc, …

    Un autre enjeu est la maitrise du dessèchement. Nous renvoyons l’eau de notre canal dans le canal de dessèchement. C’est un canal qui fait 16m3 de tirage d’eau et environ 15m de large, 3m de fond. Nous aimerions renforcer notre partenariat avec les ASA sur la partie qui va d’Aureille à Tarascon. Le canal de dessèchement va jusqu’à la mer, jusqu’à port Saint Louis, l’eau est donc rejetée dans la mer.
    Une autre étude a été faite, notamment avec le Parc, au sein de laquelle des points noirs sont ressortis. Il y a par exemple des points étranglements qui mettent la population en péril en cas de fortes précipitations.

    Les points noirs sont déterminés mais il faut des financements pour mettre en place des mesures, comme un bassin de rétention par exemple. Nous nous proposons d’intervenir sur des propositions techniques. L’enjeu de ce projet est qu’il faut le défendre en expliquant aux acteurs du territoire la logique de bassin versant.

    - Site Internet du canal de la vallée des Baux
    - Site Internet du contrat de canal : contrat de canal sud-alpilles crau

     


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