Un enjeu du territoire : pérenniser les canaux d’irrigation et de drainage

La Charte du Parc Naturel Régional des Alpilles présente très concrètement quel est cet enjeu et en quoi est-il capital pour le territoire.

Plus d’infos sur la Charte du Parc Nature Régional des Alpilles

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Nous vous proposons de découvrir cet enjeu particulier par un extrait de la Chartre du Parc :

Un réseau hydraulique très dense

« Le réseau hydraulique est très dense par rapport au réseau hydrologique naturel.
Dès le 16ème siècle, les eaux de la Durance ont été détournées et un réseau d’irrigation gravitaire dense a été progressivement mis en place.

Aujourd’hui, trois canaux d’irrigation, divisés en plusieurs branches, assurent toujours ce rôle :
- le canal des Alpines,
- le canal Boisgelin-Craponne,
- et le canal de la Vallée des Baux.

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Le canal de la Vallée des Baux, au pont de l’Étroit.
Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Canal_Vallee_des_Baux.jpg

En outre, des canaux de drainage ont permis d’assécher les marais et d’ouvrir des espaces pour les activités agricoles :

- le canal du Vigueirat
- et le canal de drainage de la Vallée des Baux.

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Canal du Viguierat
Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Canal_de_Vigui%C3%A9rat_-_St_%C3%A9tienne_du_gr%C3%A8s.JPG

D’innombrables filioles viennent se déverser dans ces canaux. Les eaux de la Durance, réparties par plus de 400 km de canaux, permettent d’assurer l’irrigation des terres agricoles.

Infos Irrigation gravitaire : Mode d’irrigation ancestral (mais encore majoritairement utilisé dans le monde, environ 80%) qui consiste à transporter l’eau jusqu’au bord et à l’intérieur des parcelles dans des canaux aménagés suivant la pente naturelle
Filioles  : Petit canal d’irrigation dérivé d’un plus grand (Provence)

Si leur gestion est financée par les consommateurs d’eau, en premier lieu les agriculteurs, les canaux sont cependant utiles à l’ensemble de la population :

- L’essentiel de l’eau des Alpilles vient de l’extérieur, apportée par les canaux. C’est ensuite l’irrigation agricole gravitaire et les écoulements par le réseau de drainage qui viennent équilibrer le régime des nappes, permettant ainsi d’assurer les besoins collectifs et individuels en eau potable ;

- C’est grâce à la densité du réseau de canaux que les paysages de bocage provençal se sont mis en place. Plus de 700 ouvrages d’art jalonnent piémonts et plaines et représentent un patrimoine historique et culturel qui témoigne de la vie du territoire.

- Les canaux d’irrigation et de drainage constituent des milieux aquatiques et des zones humides qui hébergent une faune et une flore exceptionnelles en milieu méditerranéen.

- Le réseau d’irrigation alimente jardins et parcs des propriétaires privés et publics bénéficiant des droits d’eau ;

- Enfin, il constitue une source d’approvisionnement en eau pour la lutte contre les incendies de forêt et contribue à évacuer les crues.
Le maintien des réseaux gravitaires d’irrigation et de drainage, indissociable du maintien de l’activité agricole, est donc un enjeu d’intérêt général pour les Alpilles, l’agriculture jouant le rôle irremplaçable de gestionnaire de ce qui est devenu un patrimoine collectif. La pérennité des canaux agricoles concerne donc l’ensemble des habitants.

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Aqueduc romain
B. SERROI

Un réseau menacé

Le réseau de canaux est cependant menacé, car il doit faire face aux conséquences des mutations agricoles et de l’urbanisation :

Les mutations agricoles conduisent parfois à réduire la demande en eau d’irrigation et donc les recettes des gestionnaires, qui ont alors du mal à en assurer l’entretien. Or, si les canaux n’assurent plus leur fonction, l’agriculture ne sera plus possible sur ce territoire ;

L‘augmentation de la population a entraîné, au cours des vingt dernières années, une urbanisation importante qui affecte le fonctionnement des canaux.

Ainsi, l’imperméabilisation des sols augmente le ruissellement des eaux de pluie, qui se déversent alors dans les canaux et détériorent les berges et les ouvrages hydrauliques agricoles. Chaque rupture de berge entraîne l’arrêt de l’irrigation et un risque d’inondation.

De manière générale, le choix des zones urbanisables et l’établissement des règles d’urbanisme ne tiennent pas assez compte de la vulnérabilité des canaux.

Le canal de drainage de la Vallée des Baux est actuellement à saturation, du fait de l’accroissement des volumes à évacuer.

De manière générale, la population non rurale ne connaît pas l’utilité du réseau de canaux agricoles.
Les canaux traversent, outre les zones agricoles, des zones devenues urbaines. Les obligations résultant de la présence de ces canaux sont le plus souvent ignorées des nouveaux habitants

En outre, l’eau des Alpilles, qui vient de l’extérieur, doit être partagée avec d’autres territoires, notamment les communes situées au nord du Parc, ce qui implique d’adopter une vision coopérative de la gestion de l’eau.

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Aqueduc romain
B. SERROI

Plusieurs études de schémas directeurs d’irrigation ont été ou doivent être engagées afin d’améliorer les réseaux et d’étendre les périmètres.

Pour répondre à ces enjeux, les acteurs locaux et les communes, soutenus et coordonnés par le Parc, se fixent deux objectifs :

- Intégrer la pérennité du réseau de canaux agricoles en tant qu’enjeu global d’aménagement du territoire (Objectif 14 de la Charte)
- Renforcer les atouts et diversifier les fonctions des canaux, en assurant le maintien de leur vocation première agricole (Objectif 15 de la Charte)"