La source de la Font Ria est située sur la commune de Saint-Genest-Malifaux, prés de la Croix du Trève, sur la route entre Saint-Genest-Malifaux et Planfoy.
La source jaillit entre deux roches aux inscriptions mystérieuses qui ont fait l’objet de nombreuses recherches et ont alimenté des légendes pendant bien des siècles.
Cette source est peu connue et il est difficile de la trouver au cœur de la forêt qui la protège.
La Font Ria a éveillé la curiosité de certains et il est possible aujourd’hui de retrouver son histoire :
« Le premier texte parlant de la Font-Ria date de 1623. C’est un poème intitulé Antiquitez du lieu de Saint-Genez de Malifaut, écrit par un certain Louis Jacquemin. Le poème fut bien vite oublié, et son auteur aussi, seule une rue à Saint-Genest-Malifaux perpétuant son souvenir. Quant à la source, il n’en resta que des bribes de souvenirs dans la mémoire des habitants, d’où naquirent bon nombre d’histoires et de légendes.
En 1876 un érudit, M. Charles Guilhaume, retrouva poème et source, et communiqua le résultat de ses recherches à la Diana en 1895.
Il avait relevé d’étranges inscriptions au bord du ruisseau, et signalait l’appartenance possible de la Font-Ria « à la famille des sources sacrées ». Mais les légendes ont la vie dure. Ne parlait-on pas d’une source d’eau glacée « qui tue celui qui en boit », ou d’inscriptions « d’une écriture et d’une langue inconnues, dont on ne peut savoir le sens ». Le Bois Farost gardait ses mystères...
En 1918 un jeune étudiant agacé par toutes ces rumeurs voulut en avoir le cœur net. Défrichant les bois il découvrit, non sans peine, la fontaine bordée de deux dalles gravées, porteuses d’inscriptions non pas en langue inconnue mais en français, guère compréhensibles cependant :
JEGLACEDE
PEVR
ENPERDANT
MASOEVR
CARLONME
CARESSE
LORSQVELLE
MELAISSE
Ce jeune étudiant, était le futur père mariste Jean Granger, professeur de lettres, passionné d’archéologie et correspondant des Antiquités Historiques du Ministère des Affaires Culturelles. On lui doit de nombreuses découvertes tant dans le Pilat que dans le Forez, en particulier sur l’aqueduc du Gier. Les années passèrent...
En 1935 furent prises les premières photographies des inscriptions, et dans les années 60 le père Granger découvrit à proximité un fragment d’une autre inscription, une pierre cassée portant seulement ces lettres :
LE C
AP
MC
V
C’est lors des recherches menées pour retrouver d’autres fragments de cette pierre, que furent mis à jour de très nombreux éclats de silex taillés, prouvant une occupation des lieux dès la préhistoire, mais aussi des tessons de poterie de l’époque celtique ou gallo-romaine. Parallèlement, en 1967 Mme Denise Peillon, professeur de dessin à Saint-Étienne, découvrait elle aussi de nombreux silex près de la Font-Ria. Leur examen attentif permit de déterminer qu’ils provenaient sans nul doute d’un atelier de taille installé en ce lieu.
C’est au cours de toutes ces recherches sur le terrain que fut découverte aussi, à quelques mètres de la Font-Ria, une deuxième source qui présentait la particularité d’être intermittente, se tarissant dès les premiers froids pour couler à nouveau à l’arrivée des beaux jours... C’était donc cela, la fameuse « sœur » évoquée par les inscriptions. Elles devenaient par l’occasion un peu plus claires.
Au terme d’un travail digne de Sherlock Holmes, le père Granger réussissait à découvrir l’auteur des vers gravés, qui n’était autre que Louis Jacquemin à qui l’on doit le poème de 1623. Dans la foulée, le père Granger réussissait aussi, à force de déduction, à reconstituer les mots manquants du fragment et à retrouver son emplacement le plus logique. Le 14 mai 1971, aidé d’un maçon, il restaura la source et ses dalles gravées, utilisant le ciment pour compléter la pierre cassée. La Font-Ria nous livra enfin son poème complet :
LE COVLAGE
ARRESTE
MON ONDE
VOVS RESTE
JEGLACEDE
PEVR
ENPERDANT
MASOEVR
CARLONME
CARESSE
LORSQVELLE
MELAISSE
(Le JE n’est plus visible aujourd’hui)
Dès lors tout est clair... Ce sont les sources qui « parlent » et qui s’adressent au visiteur. La première dit : « le coulage (l’écoulement) arrête, mon onde vous reste », c’est la source intermittente. La seconde répond : « je glace (je gèle) de peur en perdant ma sœur, car l’on me caresse lorsqu’elle me laisse ». Pour pouvoir « caresser » l’eau de la source, il faut effectivement qu’elle soit gelée, ce qui ne se produit qu’en hiver, au moment où sa sœur cesse de couler.
En juillet 1971 le père Granger publia à ses frais un petit opuscule de 62 pages, au tirage limité de 370 exemplaires numérotés : Deux sources qui parlent — l’énigme de la Font-Ria. Le père Granger est mort en 1983, à l’âge de 81 ans, au terme d’une vie consacré à sa foi, à l’éducation des enfants, et à l’archéologie. »
Ce texte est issu de : http://regardsdupilat.free.fr/font%20ria.html
Ils en parlent :
– http://www.st-genest-malifaux.fr/patri37.htm#
– http://www.st-genest-malifaux.fr/patri372.htm
– http://www.forez-info.com/encyclopedie/flaneries-et-chroniques-pilatoises/12449-une-flanerie-autour-de-la-croix-du-treve.html