L’eau en Chartreuse

     Le massif de Chartreuse se caractérise par une alliance exceptionnelle entre un substrat géologique calcaire, peu propice à la conservation de l’eau, et une pluviosité importante et constante faisant de l’eau un élément omniprésent. La végétation, en tout premier lieu, témoigne de l’importance de l’eau en Chartreuse, du fait d’une remarquable forêt de feuillus côtoyant à égalité les conifères, naturellement à leur aise en milieu calcaire de moyenne montagne. Ces forêts abritent l’écoulement de nombreux cours d’eaux qui suivent les très nombreuses lignes de failles du massif ; bien que leur débit s’avère parfois irrégulier, ils contribuent in fine à maintenir un caractère humide caractéristique de l’environnement cartusien.

     La morphologie même du massif, par ses gorges et vallées notamment, témoigne du rôle de l’eau ; le Guiers vif et le Guiers mort déterminent ainsi des infra territoires évidents.
    Pour autant, en raison des contraintes socio économiques pesant sur l’eau et du fait de l’arrivée, et du renouvellement constant, d’une population de type urbain l’expérience et la perception de l’eau se modifient profondément. Perçue comme un produit économique « distribué », potentiellement pollué et, de plus, en voie de raréfaction, l’eau déserte l’expérience commune, en dehors de ses usages domestiques ou de production.

    Cette situation s’avère préoccupante à plusieurs égards :

    En premier lieu, elle participe à un appauvrissement du rapport à l’environnement qui tend à ne plus être considéré que comme une ressource, négligeant de ce fait une approche sensible qui permet de lui donner un sens ;

    En second lieu, elle affecte la qualité même du lien social dont l’eau dans ses multiples dimensions – contemplatives, esthétiques, offerte et reçue, préservée – fait indéniablement partie ;

    En troisième lieu, l’artificialisation, de l’approche de l’eau conduit à une méconnaissance des contraintes qu’il faut accepter dans son rapport à elle (qu’il s’agisse des contraintes individuelles d’économie, ou bien même de respect de règles de précaution en matière de construction).

    Le projet

    Les Parcs Naturels Régionaux se définissent comme des territoires d’expérimentation dans la construction de rapports équilibrés et dynamiques entre leurs habitants et leur l’environnement, sans négliger un développement économique et social perçu comme nécessaire. Un tel projet doit associer aux dispositifs sociaux et économiques classiques, la préoccupation du rapport personnel et sensible des habitants à leur environnement naturel et à ses caractéristiques rurales.

    L’approche sensible concerne les dimensions physiques et relationnelles, imaginaires et contemplatives. Elle permet d’établir un lien intime et affectif entre la personne et son environnement. Elle engage un véritable processus d’appropriation des lieux et de responsabilisation à leur égard.

    En complément de l’action du PNR de Chartreuse, deux actions, s’inscrivant dans un cadre pluri annuel sont engagées :

    1°) un inventaire des points d’eau accessibles au public et du petit patrimoine liés à l’eau, sur le territoire du PNR. Cet inventaire permettra une localisation géographique précise (GPS) et donnera lieu à une étude qualitative des éléments recensés (état sanitaire, entretien, usages, évolution…).
    Cet inventaire sera mis à disposition dans le cadre d’un Système d’Information Géographique accessible sur Internet.

    2°) une étude systémique des gorges du Guiers Mort, - site emblématique du massif de Chartreuse – intégrant les dimensions d’usage, le patrimoine culturel et naturel, ainsi que les dynamiques sociales à l’œuvre.

    Une cartographie dynamique du site, mise en ligne, permettra de toucher un large public.